Vous êtes malade au travail C’est peut-être le bâtiment
Un mal peu connu et difficile à dépister peut pourrir la vie des salariés dans les bureaux.
Yeux irrités, nez bouché, mal de tête ou fatigue chronique. Vous cherchez ce qui vous arrive mais ne trouvez aucune explication valable? Si vous travaillez dans un bureau et que ces problèmes cessent le week-end ou lors de congés, vous souffrez peut-être du syndrome du bâtiment malsain (SBM), appelé aussisick building syndrome(SBS).
Selon l’OMS, un tiers des édifices neufs ou rénovés seraient susceptibles de provoquer de tels troubles. Pour parler de SBM, il faut que 20% à 30% des individus présentent un ou plusieurs symptômes au sein d’un même immeuble.
Cas sous-estimés
En Suisse, il n’y a pas de statistiques disponibles sur ce trouble. A l’Institut universitaire romand de santé au travail (IST), à Lausanne, on explique recevoir des demandes d’entreprises deux à trois fois par an. «Mais, pour qu’on intervienne, il faut que le personnel se plaigne à la direction, qui nous appellera ensuite, et souvent, les gens n’osent rien dire», remarque Horacio Herrera, chef du service d’hygiène au travail à l’IST. Les cas sont certainement sous-estimés, selon une étude française parue l’an dernier dans l’Encyclopédie médico-chirurgicale. De l’avis de tous les spécialistes, c’est un mal très difficile à mettre en évidence, car «tout le monde ne présente pas les mêmes symptômes», souligne Horacio Herrera.
Le SBM n’a rien à voir avec une maladie liée par exemple à des agents infectieux comme la légionellose pulmonaire ou la fièvre des humidificateurs. Mais les symptômes peuvent être «inconfortables, voire handicapants», souligne l’étude française. Ils peuvent provoquer «malaises, troubles de la concentration et diminution d’efficacité», selon une autre étude intituléeSick Building Syndrome, parue dans la revueForum médical suisseen 2003.
Qualité de l’air en cause
Premier ennemi soupçonné: la qualité de l’air. Un aspect «presque complètement négligé dans le volume considérable de bâtiments construits durant les trois dernières décennies. Les mesures d’isolation ont contribué à une accumulation accrue des impuretés de l’air à l’intérieur des bâtiments», soulignent les auteurs de l’étude suisse. «Selon la loi, l’air doit être renouvelé 1 à 3 fois par heure pour évacuer le CO2exhalé par les occupants, détaille Horacio Herrera. Or, en général, on trouve des résultats juste à la limite inférieure, ce qui peut induire des problèmes chez des personnes sensibles. »
Caroline Rieder