La perte de l'odorat est un handicap mal compris et pourtant plus répandu qu'il n'y paraît.
Avez-vous du mal à sentir même les odeurs les plus fortes? Vous pouvez souffrir d'anosmie. Quelles en sont les causes? Est-il réversible?
Difficile d'imaginer ne plus être attiré par les arômes d'un bon plat, sentir son parfum préféré, être dégoûté par l'émanation d'un tas de déchets ... Une personne sur dix souffre cependant d'un déficit olfactif en France, partiel (hyposmie) ou totale (anosmie). Comme la qualité de l'odorat diminue avec l'âge, 25% des personnes âgées auraient un odorat.
Perte de l’odorat: un trouble plus courant qu'il n'y paraît
L'anosmie est la perte totale de l'odorat. Elle peut être d'origine congénitale et apparaître dès la naissance ou se développer, comme dans la plupart des cas, au cours de la vie. Lorsque la perte d'odorat est partielle, c'est l'hyposmie. Dans certains cas (dans le cadre du vieillissement ou de certaines pathologies), l'hyposmie peut être potentiellement progressive avant d'atteindre l'anosmie, dernier stade de gravité.
L'anosmie reste un déficit non reconnu. Ce handicap, principalement observé chez les seniors, toucherait cependant une personne sur cent.
Une simple grippe peut provoquer une anosmie
Les causes d'une détérioration de l'odeur peuvent être diverses. Tout comme leur durée dans le temps. Il est possible de perdre temporairement vos fonctions olfactives en raison d'une inflammation des muqueuses du nez, par exemple. Ceci est courant après avoir contracté une infection virale sévère qui affecte les voies respiratoires telles que la grippe ou l'angine de poitrine. L'hyposmie ou même l'anosmie sont également possibles en cas d'herpès.
Certains troubles des voies nasales (écoulement, nez bouché, sinusite, polype, etc.) peuvent également occasionner des difficultés temporaires de perception des odeurs. L'anosmie ou l'hyposmie sont réversibles lorsque leurs causes sont curables. Les problèmes d'odeur disparaissent généralement avec les autres symptômes de l'infection qui les ont causés.
L'anosmie, une maladie parfois incurable
Dans certains cas, l'hyposmie ou sa forme plus lourde, l'anosmie, peut être irréversible. Elle peut en effet survenir à la suite d'un traumatisme crânien, voire d'une tumeur dans la cavité nasale ou à la base du crâne. Les nerfs olfactifs étant détériorés, un traitement est difficile à réaliser.
Un sens qui se dégrade avec l'âge
Certes, il n'est pas bon de vieillir. Comme pour la vision ou l'ouïe, il y a une détérioration des fonctions olfactives avec l'âge, ce qu'on appelle la presbyosmie. Au fil des ans, les muqueuses nasales se dessèchent. Les molécules responsables de la perception des odeurs ont donc plus de mal à s'y accrocher.
Chez les jeunes, la perte d'odeur affecte moins de cinq personnes sur cent et est souvent partielle. En comparaison, elle affecte cinq fois plus de personnes âgées de 60 ans et plus (25%) que les jeunes. Un chiffre qui tend à augmenter lorsque les personnes âgées ont déjà d'autres maladies.
Enfin, les pathologies neurodégénératives (Parkinson, sclérose en plaques, etc.) ont également un impact significatif sur les capacités fonctionnelles du nez. 80% des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer souffrent d'une perte d'odeur, qui peut parfois aller jusqu'à l'anosmie.
L'anosmie, un handicap invisible
Les conséquences de l'anosmie sur la vie quotidienne sont variées. Privé de son sens, une personne souffrant d'anosmie a plus de mal à détecter certains dangers, tels que l'émanation de gaz ou de fumée ou même l'expiration de nourriture. Les émotions associées à certaines odeurs, bonnes ou mauvaises, peuvent également être perturbées. Une personne anosmique peut également développer des troubles de l'appétit et du goût, qui sont étroitement liés aux fonctions olfactives. Cette relation entre la perte de l'odorat et les changements de consommation alimentaire est particulièrement visible chez les patients atteints de cancer sous chimiothérapie, dont l'anosmie ou l'hyposmie peuvent entraîner une modification du comportement alimentaire.
Ces symptômes peuvent également entraîner des difficultés psychologiques et sociales chez certains patients. En parler autour de vous est donc un premier pas vers une prise de conscience de cette pathologie. En cas de suspicion de cette pathologie, il vous faudra consulter un spécialiste ORL en rhinologie, notamment à la recherche de la cause de l’hyposmie, souvent un nez bouché chronique.