COVID: une étude inquiétante sur l’apnée du sommeil comme séquelle longue durée du virus

Le Covid «longue durée» devient une réalité chez certains patients souffrant encore de séquelles de la première vague.

Les effets du coronavirus mettent-ils longtemps à se dissiper? Apparemment oui! Alors que la deuxième vague commence lentement à reculer, de nombreuses victimes printanières de l'épidémie de Covid-19 ne sont toujours pas résolues. Apnée du sommeil, Fatigue, difficultés respiratoires, voire perte de goût et d'odorat… Certains symptômes persistent. Une étude lancée par le CHU de Grenoble tente de faire la lumière sur les dessous de ces séquelles de longue durée, plus importantes chez les patients les plus gravement atteints.

Fatigue, perte d'odorat et de goût, essoufflement ... Les témoignages de patients Covid «de longue durée» s'accumulent. En effet, alors que la majorité des cas positifs pour Covid-19 sont asymptomatiques et ne présentent pas de symptômes visibles, d'autres sont moins probables. Les manifestations semblent s'éterniser et même empirer.

Mais pourquoi une telle différence clinique? Depuis fin juillet, le CHU de Grenoble mène l'enquête. Une étude intitulée Co-Survivors analyse l'étendue des séquelles au fil du temps sur différents groupes de patients. Quelles sont les conséquences respiratoires? Comment la qualité de vie et le sommeil changent-ils? Ce sont toutes des questions que les chercheurs explorent afin de mieux comprendre l'impact prolongé du SRAS-CoV-2.

Covid-19, une maladie chronique, avec des séquelles chroniques?
En plein reconfinement, il devient urgent de percer la multitude de mystères entourant le Covid-19. À la fois pour guérir cette infection et pour guider les décisions de prévention. Un constat qui a poussé le CHU de Grenoble depuis plusieurs mois à démarrer une étude sur des patients Covid de longue durée.

En fait, certains anciens cas positifs qui ne le sont plus continuent de subir les conséquences du Covid-19. Alors que la prévalence de Covid à long terme n'est toujours pas claire, les plaintes des patients sont réelles et complètes. Détérioration de la qualité de vie, fatigue persistante, troubles neurologiques résiduels… Quels sont donc les principaux symptômes des patients au long cours?

"Les séquelles les plus observées sont les atteintes respiratoires, telles que l'essoufflement, mais aussi divers états de fatigue physique, similaires à une forme de fatigue. Cependant, il y a aussi un fort impact sur les troubles du sommeil, probablement lié au stress aigu ressenti pendant hospitalisation des patients », explique le Pr Renaud Tamisier. Manifestations problématiques nécessitant des soins adaptés réguliers.

Des séquelles en hausse pour les patients atteints de formes sévères?
Nous avons tendance à penser que les patients atteints de cette forme longue de Covid-19 sont ceux dont le pronostic est en danger. Le professeur Tamisier confirme: "Dans notre étude, ce sont bien les patients hospitalisés et présentant des formes graves de Covid-19 qui se retrouvent victimes de séquelles durables".

En revanche, si la majorité des cas de longue durée ont été hospitalisés, les patients en réanimation ne sont pas les seules victimes. En effet, en Angleterre, une méta-analyse montre une absence de différences post-hospitalisation significatives entre les patients en réanimation et ceux en soins plus traditionnels. Des symptômes moins invalidants, tels qu'une perte de goût ou d'odeur, sont alors pris en compte.

Cependant, nouvelles rassurantes, les cas positifs asymptomatiques sont largement absents de ce Covid à long terme. Leur réponse immunitaire semble avoir été suffisante contre l'infection, conduisant à une rémission rapide et spontanée. Ainsi, l'organisme ayant pu lutter plus efficacement contre le virus, aucune séquelle n'est à déplorer. Mais sont-ils immunisés contre tout cela? Rien n'est encore certain.

Coronavirus, une infection virale aux effets similaires aux autres
Si chaque maladie a une phase de rémission, celle du Covid-19 de longue durée semble particulièrement longue. Entre séquelles et nécessité de reprendre une vie «normale», les symptômes rapportés semblent parfois interminables voire augmentés. Alors, les séquelles de cette infection virale sont-elles inhabituelles?

«En fait, ce n'est pas vraiment inhabituel. Toute maladie grave transitoire peut entraîner une longue rémission », explique le professeur Renaud Tamisier. En effet, comme la mononucléose ou la grippe, le corps subit une fatigue post-virale, parfois pendant des mois.

Ce qui inquiète alors, c'est la réalité derrière la rémission. «Pour le moment, nous ne pensons pas que ces héritages soient irréparables. Cependant, nous n'avons que trois mois de suivi, parfois six chez certains patients. Il faudra plus de temps pour obtenir une réponse objective ». Ainsi, étant donné le manque de connaissance du Covid longue durée, mieux vaut consulter si les symptômes persistent plusieurs semaines ou mois après l’infection.

Cependant souffrir de séquelles après une telle infection n’est pas surprenant. Pour autant, avant d’identifier ces symptômes comme des séquelles, il faut pouvoir écarter d’autres pathologies qui se seraient déclarées après. Ce qui est tout à fait possible .

Mieux comprendre les séquelles pour améliorer le suivi
Arrivée à l’échéance des trois mois de suivi début octobre, les professionnels et scientifiques dépeignent les premiers résultats de l’étude. « Le principal résultat observé est celui des séquelles d’apnée du sommeil. Il semble que plus le patient soit vulnérable au Covid-19, plus ces troubles a posteriori sont fréquents », atteste le Pr Renaud Tamisier.

Dès lors, « l’étude a deux missions principales. Celle de proposer un suivi et une prise en charge aux patients qui souffriraient de séquelles. Mais aussi celle de description la plus précise et sans erreur de ce que sont les séquelles post-Covid ». Un objectif clair face à cet enjeu de santé publique à venir. Surtout face à l’incertitude d’une finalité pandémique. Plus cette crise sanitaire s’allonge, plus comprendre ses conséquences et ses répercussions est essentiel pour développer une stratégie de traitement.

À ce stade de l’étude, les conjectures sont encore nombreuses. Fatigue, sommeil, respiration… Autant d’éléments à suivre dans le temps. « Notre véritable problème aujourd’hui est celui du manque de fond. Pour poursuivre et compléter l’étude, nous avons besoin de ressources suffisantes. Tous ceux qui souhaitent nous aider peuvent effectuer un don à la fondation UGA ». Une route qui semble donc encore longue avant un rétablissement complet, mais pas impossible.

En cas d'apnée du sommeil comme séquelle durable, on pourra la traiter par Pression positive continue, par laser, ou par orthèse d'avancée mandibulaire, selon les patients.

À SAVOIR
Cette étude Co-Survivors, menée en association avec les CHU de Nancy, Créteil et Bobigny, ainsi que l’Inserm, a recueilli 118 participants sur les 400 attendus. Après une première méta-analyse des données récoltées trois mois après le diagnostic Covid, l’objectif est de suivre sur le long terme les patients. Ainsi, des recueils d’informations réguliers auront lieu. En totalité, ce sont cinq années durant lesquelles l’étude continuera de fournir des réponses.